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Une autre voie pour réguler les revenus agricoles

Lundi 10 Août 2015

Lundi 10 Août 2015

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Dans l’agriculture, cet adage est encore plus vrai. En témoignent l’été dernier pourri et l’actuel, marqué par la canicule et la sécheresse.

Contrairement à d’autres secteurs, exception faite du tourisme, le fait de travailler avec la nature exerce une influence jusque dans le porte-monnaie de la famille paysanne. Ainsi, des récoltes abondantes connaissent souvent leur revers les années suivantes sur les prix, tirés à la baisse par des stocks excédentaires.

Pour l’exploitant, il résulte des revenus toujours plus volatiles. Pour lisser les revenus, il y a certes les amortissements, dans une mesure limitée, ou encore la prévoyance. Mais aussi des renouvellements de machines ou d’autres investissements, cependant pas toujours pertinents du point de vue des coûts de production.

Contrairement à des personnes morales qui disposent de davantage de souplesse, nos agriculteurs ne peuvent constituer des provisions lors de bonnes années pour les utiliser par la suite sur une période donnée. Il serait pourtant opportun de pouvoir le faire. L’idée ne consiste pas à exonérer des revenus mais à pouvoir les reporter sur d’autres exercices. En acceptant de telles provisions limitées dans le temps, les pouvoirs publics devraient y voir l’avantage d’une plus grande régularité des recettes fiscales issues de l’agriculture, malgré un volume d’impôt qui pourrait être légèrement affaibli eût égard à la progressivité fiscale.

Le fait que les changements climatiques tendent à augmenter la fréquence des phénomènes météorologiques extraordinaires renforce l’idée de pouvoir provisionner les années prospères pour renflouer les exercices difficiles. Il s’agirait d’une juste reconnaissance de la situation de l’agriculture vis-à-vis des éléments qui influencent ses revenus et sur lesquels elle n’a pas prise. A l’étranger, plusieurs pays dont la France ont introduit des instruments pour atténuer les effets des aléas climatiques mais aussi naturels ou sanitaires sur leur agriculture. De quoi s’en inspirer.

Michel Darbellay, directeur Chambre jurassienne d’agriculture
Edito Agri du 7 août 2015