Mercredi 27 Mai 2015
Mercredi 27 Mai 2015
« Et l’homme dans tout ça ? » Cette interrogation qui surgit de façon régulière a tout son sens. L’arsenal législatif, la nécessité de s’adapter, les échéances à respecter, les nombreux contrôles ou encore les pressions multiples sur l’agriculture pour davantage d’exigences ou pour tailler dans les soutiens à l’agriculture arrivent tous azimuts. Les statistiques, certes fort utiles, masquent pour leur part la réalité du terrain et surtout l’aspect social du métier de paysan. Alors oui, on peut dire que les familles paysannes ont la chance de vivre avec la nature et les animaux, de travailler en famille, d’habiter au calme ou encore d’évoluer au rythme des saisons. Mais la révolte paysanne illustrée par les manifestations a fait place à une résignation sournoise qui cache le malaise paysan.
Les exploitations toujours plus grandes et la main-d’œuvre réduite augmentent la pression sur les familles paysannes. Dès lors, la profession n’est épargnée ni par le stress ni par les burnouts. Aussi doit-on se réjouir de voir un certain tabou tomber comme lors de la récente journée organisée par le Service de prévention des accidents dans l’agriculture ou encore via le lancement de la jeune association Solidarité paysans romandie.
Sans sombrer dans la sinistrose, sans vouloir non plus peindre le diable sur la muraille ni se lamenter, il est grand temps de se préoccuper de la question sociale de nos familles paysannes. L’engagement des différentes instances et un signal politique clair devraient être donnés en ce sens car tout ne se résout pas par l’évolution structurelle ni par l’amélioration des conditions-cadres et économiques. La mise en réseau des compétences toujours plus spécifiques qui entourent l’agriculteur, par un accompagnement adapté et pourquoi pas via un coach attitré, peut aider les familles paysannes à s’adapter et à gérer les impératifs et les défis auxquels elles sont soumises. L’entraide et la collaboration interentreprises représentent également une piste pour améliorer les conditions de vie. Enfin, et c’est le rôle de chacun, détecter les situations difficiles dans son entourage, en parler et réagir suffisamment tôt, devrait enfin remplacer l’a priori que le paysan a la carapace assez dure pour résister à tout.
Michel Darbellay, directeur CJA