Jeudi 14 Juin 2018
Jeudi 14 Juin 2018
Le projet de plate-forme numérique de partage de machines va bon train. Après avoir obtenu le soutien de l’OFAG, AgriJura et ses partenaires sont en plein développement.
L’utilisation de machines en commun se démocratise mais reste souvent dans un cercle bien restreint. Elargir ce cercle pour étoffer l’offre et améliorer la disponibilité des équipements devrait également conduire à augmenter le taux d’utilisation du matériel agricole, en réduisant les coûts-machines.
Pour y parvenir, AgriJura, avec ses partenaires que sont Maschinenring Schweiz, Prométerre, la FRI et les Jeunes agriculteurs jurassiens, développe actuellement une plate-forme numérique de partage de machines agricoles qui pourra très bien se limiter, si souhaité, à des cercles restreints (utilisation interne CUMA) ou alors s’ouvrir à tout utilisateur abonné.
Dans sa volonté de digitalisation, l’OFAG a accordé un soutien financier pour développer cette plate-forme et la diffuser à l’échelle nationale, donc la mettre à la portée de tout agriculteur. Si les freins à l’utilisation de machines en commun sont parfois multiples, la plate-forme devrait résoudre en grande partie les problèmes logistiques.
Publier ou consulter des annonces, connaître la disponibilité du matériel, réserver, saisir les données d’utilisation et procéder aux décomptes : toutes ces fonctionnalités prendront forme sur une application adaptée à tout types de périphériques. Ainsi donc, les utilisateurs pourront à terme renoncer à leurs carnets papiers à bord de chaque machine pour gérer en ligne la saisie et les décomptes des données d’utilisation, en temps réel. Si la réduction des coûts est recherchée, la simplification administrative est également visée.
Phase-test dès l’été
La visualisation des annonces, au contenu limité, sera publique alors que la consultation des plannings, la gestion des réservations ou la publication d’annonces nécessitera un login et un abonnement annuel dont les modalités restent encore à définir. La start-up bernoise Seccom, mandatée par AgriJura pour le développement de la plate-forme, veille à concevoir une interface conviviale et répondant aux attentes de la pratique. A ce titre, une phase-test débutera dans le courant de l’été avec deux coopératives d’utilisation de machines agricoles (CUMA) jurassiennes, en plus du test des compteurs connectés lancé avec la CUMA de Courcelon. l s’agira de recueillir les avis d’utilisateurs, de corriger les bugs de jeunesse et de compléter cas échéant les fonctionnalités en fonction des besoins et des possibilités. Une fois le fonctionnement au point, l’application devrait être lancée courant 2019.
D’ici là, il faudra répondre à différentes questions liées au statut de la plate-forme, à son nom, aux assurances ou encore aux conditions juridiques. Plusieurs de ces questions concernent l’utilisation en commun et auxquelles on n’y prête pas suffisamment attention. Mais cela dépasse le simple cadre de la plate-forme.
Des compteurs connectés pour partager ses machines
AgriJura vient de lancer une phase test avec des compteurs connectés pour machines agricoles, les premiers de ce genre en Suisse. Leur rôle : enregistrer les tâches effectuées et les attribuer aux agriculteurs en fonction de leur parcellaire.
La CUMA de Courcelon est équipée depuis le 22 mai dernier de 3 compteurs connectés high-tech de la start-up française Karnott. Le but est de tester, dans cette communauté de machines jurassienne, l’utilisation et la précision de ces boîtiers servant à attribuer les travaux effectués par les exploitants de manière automatique pour ensuite pouvoir en établir les décomptes. En France, Karnott a déjà commercialisé plus de 1 000 compteurs en quelques mois dans des CUMA mais également des entreprises de travaux agricoles.
Durant ce test, un semoir, un rouleau et un double-andaineur de la CUMA de Courcelon sont suivis au moyen de ce boîtier qui transfert, via une carte SIM, les données géolocalisées toutes les 15 minutes en enregistrant au choix la surface, la distance ou le temps de travail. Les unités enregistrées tiennent compte de la déclivité du terrain et du parcellaire inséré pour chaque exploitant depuis leur géoréférencement personnel.
Les compteurs peuvent être transférés très facilement en quelques clics à d’autres machines dont le paramétrage permet de déterminer la largeur de travail ainsi que d’éliminer les chevauchements à l’exemple d’un semoir qui n’est comptabilisé qu’une seule fois au même endroit.
L’usage des compteurs nécessite certes davantage de configuration au départ et oblige à actualiser le parcellaire lors de changements de surfaces. En revanche, on attend une simplification administrative et une meilleure confiance dans les données saisies. Le boîtier a un coût d’env. 280 fr. auquel s’ajoute un abonnement mensuel d’env. 12 fr. Cependant, ces tarifs sont à mettre en perspective avec les coûts d’équipements de compteurs sur des machines et avec la simplification administrative obtenue.
Ce test fait partie du projet de plate-forme numérique de partage de machines agricoles lancé par AgriJura, avec le soutien de l’OFAG et de différents partenaires. Avec pour ambition de reléguer les carnets papier relevés que rarement, la plate-forme digitale prévoit la saisie des données d’utilisation, manuellement, via les périphériques mobiles. Pour leur part, les boîtiers Karnott saisissent automatiquement les données. Ces solutions visent un même objectif, enlever les obstacles logistiques au partage de machines agricoles pour en définitive réduire les coûts de production.