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Non à l'initiative sur le salaire minimum

Vendredi 9 Mai 2014

Vendredi 9 Mai 2014

Louable mais irréaliste. L’initiative sur les salaires minimum semble avoir le mérite d’améliorer la condition des working poor. En revanche, elle plongerait plusieurs secteurs professionnels, dont l’agriculture, dans des difficultés majeures, avec des effets collatéraux sur les places de travail et la situation économique indigène.

L’agriculture est soucieuse de l’amélioration des conditions de travail de ses salariés. D’ailleurs, malgré une dégradation du revenu des familles paysannes, le contrat type de travail fait régulièrement l’objet d’adaptations à la hausse du salaire des employés agricoles.

Avec un salaire minimum à 22 fr. de l’heure, comment une branche économique à la situation déjà précaire pourrait-elle assumer une charge additionnelle estimée à 430 millions de francs par an pour l’agriculture suisse ? La paysannerie deviendrait l’un des rares secteurs économiques où les employés gagneraient davantage que les patrons. Cela, sans compter qu’à l’heure actuelle, le revenu agricole des familles paysannes se situe déjà en moyenne 40% au-dessous du salaire comparable. De quoi décourager plus d’un employeur. Enfin, devoir payer davantage des employés sans formation limiterait les possibilités de rétribution d’employés qualifiés, d’où un risque de nivellement des salaires par le bas.

L’adoption d’un salaire minimum de 22 fr. de l’heure renchérirait les coûts de production de manière insupportable, sans que cette augmentation ne puisse être répercutée sur le prix des produits, déjà sous pression constante des aliments importés. La comparaison serait vite faite entre un travailleur du Bade-Würtenberg rémunéré à 8 fr. de l’heure et un travailleur suisse qui recevrait presque le triple. Comment dès lors rester compétitif ?

Plutôt que de conserver leur personnel, les agriculteurs seraient encore plus incités à se tourner vers des productions extensives, au détriment de l’approvisionnement de proximité. A l’heure où la sécurité alimentaire regagne en importance, un salaire minimum de 22 fr. de l’heure affaiblirait une fois encore la production suisse au profit d’importations issues de conditions de production souvent peu reluisantes non seulement sur le plan social mais aussi économique et écologique Ou comment penser régler un problème en le décuplant ailleurs ? La CJA recommande donc le non à cette initiative.

CJA