Mardi 21 Février 2017
Mardi 21 Février 2017
L’OFAG veut serrer la vis des aides à l’investissement. Et plutôt sévèrement. Les critères lâchés par Berne, en prélude à la phase de consultation, donnent le ton. Un ton pour le moins austère. Entre la réduction de la durée de remboursement des crédits qui mettrait la trésorerie encore à plus rude épreuve, des exigences de formation des plus sélectives, une supportabilité ambitieuse avec des annuités à 7%, un minimum de fonds propres requis de 15% et des performances d’exploitations supérieures à la moyenne régionale, les exigences envisagées pourraient écarter bons nombres de projets. Des projets peut être pas éclatants en termes d’innovations et de performances économiques mais pourtant utiles voire nécessaires à la durabilité de leurs exploitations et de leurs productions
Tant que les investissements envisagés amènent à moyen et long termes une amélioration de la situation des exploitations et présentent une charge supportable, pourquoi fixer des exigences aussi sélectives pour ne pas dire éliminatoires ? Qui plus est, rarissimes sont les fois où l’Etat, les cantons en l’occurrence, n’a pas pu récupérer les crédits d’investissement octroyés, puisqu’en principe directement déduits des paiements directs.
Si les plans de l’OFAG se concrétisent, les possibilités de financement dans l’agriculture vont se corser sensiblement. A défaut de crédits d’investissement, accordés hors limite de charge, le financement de projets deviendra difficile à boucler. Les possibilités d’emprunts hypothécaires sont en effet plafonnées à la limite de charge et les disponibilités en cautionnement sont pour leur part restreintes.
En toile de fond, le durcissement des critères esquisse davantage une volonté de démantèlement des aides publiques aux investissements dans l’agriculture. La réduction décidée des enveloppes budgétaires est certes en cause mais les visées d’économies futures le sont certainement aussi. Car qui dit moins de projets éligibles dit également moins de moyens nécessaires à l’avenir.
On pourrait rejoindre la Confédération sur une harmonisation nationale des critères pour l’examen et l’approbation des dossiers ou encore sur le fait que ce n’est pas aux activités annexes de rendre un investissement agricole supportable. Mais que l’OFAG cesse enfin de se comporter en exécuteur testamentaire de notre agriculture. Et que notre Ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann intervienne ! Car s’il veut que notre agriculture gagne en compétitivité, ce n’est pas en réduisant la voilure et en réservant les aides à une élite qu’il parviendra à ses fins.
Michel Darbellay, directeur Chambre jurassienne d’agriculture