Vendredi 27 Janvier 2017
Vendredi 27 Janvier 2017
Le trait est peut-être un peu forcé, mais il révèle un manque de considération patent de la situation et des engagements des familles paysannes. En témoignent les propos du représentant de Nestlé, en fin de forum, affirmant que la filière laitière est la mieux organisée et qu’elle fonctionne bien. De son point de vue certainement, avec du lait présentant les meilleurs atouts de qualité, de proximité et de bien-être animal, le tout obtenu au plus bas prix. Qui dit mieux ?
Bien sûr, on nous brandit le tourisme alimentaire pour justifier une pression continue sur les prix mais en se gardant bien de dire que ce tourisme alimentaire ne progresse plus et que c’est surtout le non-food qui grève les chiffres d’affaires du commerce de détail. On nous rabâche les prix internationaux mais on tarde à redresser le prix suisse alors que les cours étrangers ont repris l’ascenseur.
Tous les intervenants se sont rejoints sur les vertus du lait suisse, gages de plus-values, tout en esquivant le fait que le prix au producteur, même performant, ne couvre plus les coûts de production. Comment réagiraient les industriels en pareille situation ? Les interventions laissent penser que les filières s'arrêtent aux transformateurs et aux distributeurs. J'ai le sentiment que, du point de vue du business, les producteurs ne sont là que pour montrer une image de marketing et que le reste on s'en moque. Tant mieux s’il reste quelque chose au producteur, sinon tant pis.
A entendre le discours du président de Swissexpo quelques minutes après le forum, on se demande si l’on vit dans le même monde. Les dirigeants de la filière laitière, de ses organisations et surtout du commerce doivent sortir de leur bulle et prendre conscience de ce qui se passe dans les campagnes. On ne peut plus accepter des débats de ce genre où l’on se caresse dans le sens du poil et où l’on donne à peine la parole au public. Et pourtant, il y aurait tant eu à dire. Organisateur du forum, PSL ne peut plus continuer comme ça. Il est temps que cela change ! J'attends de cette organisation faîtière dont je suis membre par obligation, des prises de positions fortes en faveur des producteurs de lait et pas, permettez-moi l’expression, du lèche-botte à l'industrie !
Philippe Jeannerat, président de la Chambre jurassienne d’agriculture