Vendredi 19 Décembre 2014
Vendredi 19 Décembre 2014
Gagner en compétitivité pour durer. L’agriculture n’a guère d’autre choix, déjà pour améliorer des niveaux de revenus de 40% plus bas que le salaire comparable, ensuite pour résister à une ouverture accrue des marchés.
Les exploitations ont déjà entrepris de gros efforts pour réduire leurs coûts ou, dans certains cas, diversifier leurs productions pour gagner en valeur ajoutée. Du potentiel existe encore, que ce soit au niveau des infrastructures, des machines ou des collaborations. Mais la compétitivité a ses limites sans que ce constat ne soit un rempart pour relâcher les efforts.
Trois études demandées par l’OFAG démontrent des surcoûts pour la Suisse par rapport à l’UE de l’ordre de 40% pour les constructions rurales, de 26% pour les machines, de 40% pour les aliments ou encore de 30% pour les engrais et phytosanitaires. Cela, sans parler de l’ouvrier agricole employé à 8 fr. de l’heure dans le Bade-Wurtemberg.
Comment dès lors être compétitif dans un contexte aussi différent ? Les contraintes de l’agriculture suisse représentent un avantage lorsqu’elles permettent aux producteurs de s’y retrouver sur le prix de vente. Fort heureusement, les prix suisses sont encore supérieurs au niveau européen mais la Confédération ne cache pas sa volonté de s’en approcher quitte à faire passer la pilule aux agriculteurs par des soutiens transitoires. Or, ces mesures d’accompagnement ne résoudront rien aux coûts de la main-d’œuvre ni aux contraintes helvétiques qui se retrouvent sur les coûts de production et encore moins au prix du foncier avec une politique qui incite à la chasse aux terres.
L’agriculture suisse n’a pas à être sacrifiée sur l’autel des échanges commerciaux. Les instances politiques doivent comprendre qu’un socle de protection à la frontière s’avère primordial et que la compétitivité à l’international à ses limites. S’il est plutôt de bon augure que le Conseil fédéral oppose un contre-projet direct à l’initiative sur la sécurité alimentaire, reste à voir quelle place occupera la protection à la frontière.
Michel Darbellay, directeur CJA