Jeudi 23 Octobre 2014
Jeudi 23 Octobre 2014
Devra-t-on s’accommoder de hauts et de bas à répétition sur le marché laitier ? On peut le craindre à voir la courbe du prix du lait. Alors que l’année dernière le marché frisait la pénurie, la production laitière est depuis redevenue excédentaire.
Aujourd’hui, la question d’une contribution pour financer des mesures ponctuelles de stabilisation du marché revient sur le tapis. Alimentés jusqu’ici par les fonds de la FPSL, les dégagements effectués par Lactofama ont été concluants.
L’action de Lactofama a permis de faire « apparaître » et de dégager du lait C jusqu’ici camouflé, on s’en doutait, en lait B. Mais alors, à quoi bon segmenter la production s’il faut encore payer pour connaître le véritable lait C et le dégager ? La question est plus que légitime. On peut même y voir un paradoxe. Pourtant, au vu du contexte suisse et international, la crise qui nous guette à nouveau, impose de jouer la prudence et de prendre les mesures qui s’imposent. A l’évidence, les failles de la segmentation ne nous permettent pas de croire en la capacité de cette dernière à gérer le marché. Le constat est navrant, alors qu’une segmentation, appliquée à la lettre par tous les acteurs de la filière, permettrait de stabiliser le marché.
En cas d’acceptation par la FPSL et Lactofama, les producteurs devront nouvellement participer à hauteur de 0,45 ct par kg de lait pour réunir près de 12 millions de francs au total par an. Si seulement l’on pouvait nous garantir que la contribution d’allègement du marché sera à même d’éviter un nouvel effondrement des prix, alors nous signerions tout de suite. Mais rien n’est garanti, nulle part.
Le plus frustrant reste cet air de déjà vu, où tout le monde cotise mais seulement une partie en profite directement. On pourrait aussi refuser d’entrer en matière en estimant que l’industrie doit elle aussi passer à la caisse, ce qu’elle aurait d’ailleurs vite fait en payant d’un côté et en retenant sur le prix du lait, de l’autre côté. Décidemment, la question laitière reste un casse-tête. Au-delà des intérêts personnels, des règlements de comptes et des querelles intestines, la stabilisation du marché s’avère primordiale. En définitive, cette nouvelle contribution apparaît comme un mal nécessaire.
Michel Darbellay, directeur CJA