Vendredi 18 Décembre 2015
Vendredi 18 Décembre 2015
La Chambre jurassienne d’agriculture rend hommage à celui qui, 25 ans durant, s’est engagé sans compter pour l’agriculture de son canton, mais pas seulement.
Premier secrétaire général de la Chambre jurassienne d’agriculture, Blaise Oriet s’est éteint le 9 novembre dernier, à l’âge de 70 ans. Cet amoureux de philosophie et passionné du monde paysan aura marqué de son empreinte l’agriculture jurassienne et ses organisations. Jean Paupe, l’un de ses anciens présidents de 1984 à 1992, se plaît à relever le mérite extraordinaire de l’exercice d’une fonction aussi longue et exigeante.
Engagé en 1975 sous la présidence d’Henri Cuttat, le jeune Oriet met en place la Chambre d’agriculture du Jura (dénomination d’alors) à la veille de l’entrée en souveraineté du canton. Il s’agit alors de faire éclore et exister l’agriculture jurassienne, jusque-là effacée et marginalisée, aussi bien sur le plan romand que suisse. Blaise Oriet fut d’ailleurs le premier représentant jurassien au comité de l’Union suisse des paysans.
Visionnaire bien au-delà de son rôle de syndicaliste, ce fils de la Rauracie se distinguait par ses écrits philosophiques et sa plume incisive pour illustrer les enjeux de l’agriculture et de la société en général. « Sommes-nous capables de proposer autre chose qu’un modèle où seul le plus gros a une chance et où le seul avenir est d’avaler son voisin ? », lançait-il en 2001 dans ce même journal. Engagé, il défendait avec pugnacité le renforcement du système coopératif, la mise en valeur de la production dans la région, le gain de parts de marché ou encore le pouvoir de décision de l’agriculture jurassienne. Très tôt, alors que l’agriculture évoluait dans un contexte encore très protégé, Blaise Oriet fustigeait déjà le libéralisme et ses effets dévastateurs. « La fumisterie libérale tue bien plus sûrement et à plus grande échelle que la fumée du tabac », dénonçait-il.
Vincent Eggenschwiler, président de la CJA entre 2002 et 2010, se souvient d’une personnalité intègre, exigeante envers elle-même, très précise et soucieuse de son action. « A côté de son travail, Blaise Oriet s’est toujours laissé du temps pour accéder à une autre dimension, au développement personnel qui en faisait sa grandeur. » De ce développement personnel naquirent plusieurs écrits. « Le paysan avait parfois de la peine à suivre et à décrypter ses explorations mais souvent la réalité venait confirmer ses anticipations. Parfois bien à son regret aussi, car au fond de lui-même, Blaise Oriet menait un combat pour donner une âme à une profession à laquelle il croyait », remarque Claude Ackermann, président de la CJA entre 1992 et 2002.
Blaise Oriet met en 2002 un terme à son engagement à la tête de la faîtière de l’agriculture jurassienne. « Servir et disparaître », disait-il en tirant sa révérence. A ce serviteur de l’agriculture jurassienne, la profession témoigne sa plus profonde reconnaissance pour le travail accompli, souvent dans l’ombre, avec une conviction sans faille. « Quand on croit à la vérité, on la défend car elle finira par s’imposer. Même si sa voix est momentanément étouffée sous la clameur de la masse », affirmait le Jurassien pure souche. Bel enseignement, parmi tant d’autres, du philosophe Oriet.
A sa famille et à ses proches, la Chambre jurassienne d’agriculture adresse ses plus sincères condoléances et gardera de Blaise Oriet le souvenir d’un homme engagé, qui savait placer l’humanisme au premier plan.
Chambre jurassienne d'agriculture