Vendredi 5 Juillet 2019
Vendredi 5 Juillet 2019
Cette manière de traiter la paysannerie est une insulte et stigmatise l’ensemble de la profession, y compris le 87% des exploitations reconnues en ordre. Parmi les 13% non-conformes, aucun discernement ou presque sur les cas dont la plupart relève d'infractions mineures, souvent liées à des questions administratives. Les faits listés ne peuvent que provoquer l’indignation. Or, les cas débouchant sur des ordonnances pénales totalisent certes 600 cas en Suisse mais cela représente 5,7% des contrôles. Et surtout, tous ne concernent pas forcément de la maltraitance.
Oui, il y a des cas intolérables masquant d’ailleurs souvent d'autres problèmes. Les autorités doivent agir, avec le tact nécessaire, pour régler ces situations. Mais s’il faut retenir une chose, c’est bien que le système de contrôles fonctionne. Peut-être trop bien en relevant chaque manquement, même mineur, d’une législation sur la protection des animaux les plus pointues au monde. A titre de comparaison, ce n’est pas parce que l’on dépasse la vitesse maximale autorisée que l’on est un chauffard. Aussi, ce n’est pas parce qu’un document est incomplet, qu’une marque auriculaire fait défaut ou qu’il manque quelques centimètres à une couche que l’éleveur maltraite ses animaux.
Toutes thématiques confondues, certains médias ont pris la paresse de parler de ce qui ne fonctionne pas plutôt que des progrès réalisés. On s’étonne ensuite que le lectorat soit conditionné et, dans le cas de l’agriculture, qu’une partie grandissante de la population se fasse une image tronquée des pratiques.
Il est temps que cet agribashing cesse. Une presse se voulant crédible n’a pas à faire du sensationnalisme ni à manipuler l’opinion dans le sillon des mouvements extrémistes et des réseaux sociaux. Elle se doit de rester objective. On attend autre chose de la presse que de la presse à scandale... On a d’ores et déjà hâte de lire des articles reflétant la réalité du 90% des exploitations et la passion que les éleveurs mettent à choyer leur troupeau !
Michel Darbellay, directeur AgriJura